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Dans l’arène

Le briefing politique essentiel du matin.
Par ANTHONY LATTIER
Avec ELISA BERTHOLOMEY et SARAH PAILLOU
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D’UN PALAIS L’AUTRE. Nous sommes mardi 1er octobre et c’est le premier jour d’une nouvelle ère : le compte-rendu du conseil des ministres d’aujourd’hui par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon n’aura pas lieu à l’Elysée comme c’est d’usage, mais dans une annexe de Matignon. Message subliminal : c’est bien le Premier ministre qui conduit la politique de la nation désormais. Conséquence pratico-pratique : dès le conseil terminé, Maud Bregeon filera à bord de sa voiture de fonction de l’autre côté de la Seine, au 20, avenue de Ségur, et… un bus sera affrété pour que les journalistes accrédités à l’Elysée la rejoignent. Bon réveil à tous en ce jour qui verra aussi Michel Barnier prononcer sa déclaration de politique générale à la tribune de l’Assemblée nationale. Nous vous y guiderons plus bas, non sans un détour par les coursives animées du Palais-Bourbon.
L’APPÉTIT VIENT EN MANGEANT. N’allez pas croire qu’il ne se passait rien à l’Assemblée jusqu’à l’ouverture de la session parlementaire aujourd’hui. C’est même tout le contraire : depuis plusieurs jours, une grande négociation se déroule en coulisses pour la répartition de plusieurs postes clés, laissés vacants après la nomination de députés au gouvernement. En jeu, notamment, une vice-présidence de l’Assemblée et pas moins de trois présidences de commission (Affaires économiques, Affaires sociales et Affaires étrangères). Certains rêvent alors de bousculer les équilibres trouvés il y a deux mois.
Nouvelle ambition. Ainsi de Laurent Wauquiez qui, comme Playbook l’a appris nuitamment, aimerait que l’un des siens soit élu à la tête d’une des trois commissions (son groupe, DR, ne dispose d’aucune présidence actuellement). Quitte à laisser filer le poste de vice-présidence de l’Assemblée occupée par la LR Annie Genevard (on vous en parlait ici).
Accord du passé. Depuis hier, la manoeuvre tend les relations au sein de ce qu’il est désormais convenu d’appeler le “socle commun”, à savoir les quatre groupes qui soutiennent le gouvernement : EPR (ex-Renaissance), DR (ex-LR), MoDem et Horizons qui avaient topé en juillet pour se répartir les postes.
Trop, c’est trop. Un proche de Gabriel Attal s’agaçait hier soir des nouvelles ambitions de Wauquiez qu’il expliquait par sa “peur de perdre le vote pour la vice-présidence” (le poste laissé par Annie Genevard). Dans le camp macroniste, on juge le député de Haute-Loire “trop gourmand” au regard de la taille de son groupe (47 députés) et du nombre conséquent de ministres LR au gouvernement.
Menace. Chez DR, on assume. Argument avancé par un conseiller contacté hier : le groupe de droite comptant plus d’élus que le MoDem et Horizons, il est légitime de prétendre, comme eux, à une présidence de commission. Le même mettait en garde l’air de rien : “Sans accord, il y aura une dispersion des votes.” Avec le risque, donc, que “le socle commun ne remporte rien”. Les groupes de gauche du NFP pourraient en profiter pour rafler la mise.
SORTIR DU FLOU. Attention les yeux, POLITICO sort le grand jeu à l’occasion de la déclaration de politique générale (DPG) de Michel Barnier : un live-blog en français sur lequel vous pourrez suivre dès ce matin l’événement politique du jour et ses coulisses.
Le programme : le nouveau Premier ministre montera à la tribune de l’hémicycle peu après 15 heures, avant que les représentants des onze groupes politiques ne réagissent chacun à leur tour.
À vos chronos. A chaque DPG, c’est la même histoire : les Premiers ministres cherchent à éviter l’écueil d’une “liste à la Prévert” (on nous disait la même chose avant celle de Gabriel Attal en janvier) et promettent de faire court. Michel Barnier ne déroge pas à la règle : Matignon annonçait hier que sa DPG ne serait “pas un catalogue de mesures” mais l’exposition de quelques grandes priorités. Son cabinet tablait sur un discours d’une heure seulement. Pour mémoire, Gabriel Attal avait parlé 1h20, Elisabeth Borne 1h26. 
Les choix et l’arène. Pour Barnier, c’est le moment de sortir du flou. Jusqu’ici, il a été volontairement vague sur ses intentions, s’en tenant à de grands principes. Cette fois, dans un hémicycle loin d’être acquis, il va devoir trancher, ce qui fera nécessairement des mécontents dans son propre camp où chacun fait monter la pression en édictant les “marqueurs” qu’il réclame et les “lignes rouges” qu’il ne faut pas franchir.
LES INCONTOURNABLES. Parmi les sujets abordés, le budget est le plus attendu. Barnier va devoir expliquer comment, concrètement, il compte redresser les finances publiques. Le PM mettra surtout l’accent sur la baisse des dépenses publiques, prévenait-on à Matignon hier soir. Mais des hausses d’impôts sont bien dans les tuyaux, notamment une surtaxe temporaire et exceptionnelle sur les grandes entreprises ou encore une augmentation des taxes sur l’électricité. Autre interrogation : Barnier annoncera-t-il un projet de loi rectificative pour corriger les comptes de 2024 avec des nouvelles coupes budgétaires, alors que le déficit devrait dépasser les 6% du PIB ?
Le sujet qui crispe : l’immigration. Michel Barnier va-t-il reprendre à son compte les multiples pistes avancées par son bouillonnant ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau ? Sur la table : la réduction de l’Aide médicale d’Etat (AME), le retour de la double peine (l’expulsion des étrangers condamnés après que leur peine a été purgée), ou encore l’extension de la durée maximale de la rétention pour les personnes soumises à une obligation de quitter le territoire français (OQTF) fixée à 90 jours.
Recadrage ? Une chose est sûre, Michel Barnier compte bien rectifier le tir sur la question de l’Etat de droit qui, aux yeux de Retailleau, n’est “pas intangible, ni sacré”. Sa déclaration au JDD a suscité un tollé hier, notamment dans le camp macroniste. D’abord silencieux, le cabinet de Barnier a pris ses distances avec les propos du ministre hier soir. Matignon ne manquait pas de rappeler qu’il s’agissait de “positions personnelles” de la part de Retailleau. “Ce qui fera foi, c’est ce que dira le Premier ministre lors de sa DPG”, insistait, au téléphone, un conseiller de Barnier.
Il faudra aussi tendre une oreille lorsque Barnier abordera la “dette écologique” qu’il veut mettre en cœur de son discours … la sécurité et le pouvoir d’achat, deux priorités affichées ces derniers jours … les projets de loi interrompus par la dissolution (le texte sur l’agriculture et celui sur la fin de vie) … ou encore l’instauration de la proportionnelle aux législatives.
Le vrai-faux suspense a pris fin hier après-midi : comme Attal et Borne avant lui, Michel Barnier ne sollicitera pas de vote confiance de l’Assemblée à l’issue de sa déclaration. Le risque d’être renversé est bien trop grand en situation de majorité très très relative, comme nous vous l’expliquions la semaine dernière.
SUCCESSION DE RETAILLEAU. Votre infolettre aurait adoré écrire que le suspense est à son comble au groupe Les Républicains du Sénat, qui doit désigner ce matin son nouveau président — si, malgré son activisme médiatique, vous aviez raté l’info : l’ancien, Bruno Retailleau, s’est envolé vers le ministère de l’Intérieur. Las, l’unique adversaire de Mathieu Darnaud, Roger Karoutchi, a jeté l’éponge vendredi. Si cet abandon a tué toute possibilité de pari, il dessine toutefois une croustillante histoire de jeux de pouvoirs.
Parachute. D’abord parce que Karoutchi était le candidat de Retailleau, nous ont assuré hier un sénateur du groupe et un stratège LR. Ils nous expliquaient : faute de certitude sur la durée de son CDD gouvernemental (l’équipe de Michel Barnier vivant sous la menace d’une censure de l’Assemblée nationale), le néo-locataire de Beauvau aurait aimé retrouver la tête de son groupe, une fois son maroquin perdu. Karoutchi, “d’une grande fiabilité sur le plan de la parole donnée”, selon notre première source, lui aurait alors rendu son fauteuil.
Mais-mais-mais le même Retailleau a débranché son fidèle. Karoutchi ne s’en est pas caché : il a retiré sa candidature “à la demande expresse de Bruno Retailleau”, écrivait-il vendredi à ses collègues. Le sénateur pré-cité nous assurait qu’“au moins la moitié” des membres du groupe en étaient “très énervés” : “Ils ont l’impression d’être revenus au temps du RPR [l’ancêtre de l’UMP, ancêtre de LR], avec des votes imposés.” Notre stratège, lui, y voyait “une perte d’influence” de l’ex-président.
Facteur 1. Mathieu Darnaud “est poussé par Gérard Larcher”, l’influent président du Sénat, qui “veut le voir monter en puissance”, nous a assuré le même, confirmant les soupçons de nos deux élus. Un collaborateur sénatorial imaginait même le titulaire du Plateau préparer ainsi sa succession.
Facteur 2. Les élus interrogés pointaient aussi une demande de renouvellement des visages exprimée par certains. “Une nouvelle génération montante dit : ‘Ils sont bien gentils tous ces sages qui trustent les postes, mais nous aussi, on voudrait accéder aux responsabilités’”, expliquait notre sénateur (Darnaud, élu depuis 2014, a 49 ans ; Karoutchi, 73 dont plus de 20 à la Chambre haute).
Vexatoire. Karoutchi a annoncé ce matin par un SMS à plusieurs sénateurs lancer un club des “Sages du Palais”. Celui-ci refuse “le jeunisme agressif, le dégagisme exacerbé, le wokisme qui veut nous régimenter”, pour leur préférer “l’expérience”, “la sagesse qui mérite d’être reconnue et partagée”, a-t-il écrit.
Bonus. Darnaud élu à la tête du groupe, il libérera une place de premier vice-président du Sénat. Playbook se réjouit déjà de vous raconter ce prochain épisode. 
Emmanuel Macron préside le conseil des ministres à 10 heures à l’Elysée.
Michel Barnier prononce sa déclaration de politique générale à 15 heures à l’Assemblée nationale. Didier Migaud la lira au même moment devant le Sénat. Maud Bregeon fait le compte-rendu du conseil des ministres depuis Matignon à midi. François Gatel est au salon Batimat à Paris à partir de 10h15. Agnès Pannier-Runacher prononce le discours d’ouverture du conseil national de l’Eau à 14 heures. Catherine Vautrin s’entretient avec Laurent Saint-Martin à 13 heures avant de rencontrer successivement à partir de 19 heures François Sauvadet, président de l’Assemblée des départements de France, président du conseil départemental de la Côte-d’Or et Jean-Léonce Dupont, président de la commission des Finances de l’Assemblée des départements de France, président du conseil départemental du Calvados. Thani Mohamed-Soilihi ouvre le festival de la Francophonie à la Gaîté Lyrique à 20 heures.
Yaël Braun-Pivet s’entretient avec Laurent Marcangeli, puis participe successivement à la conférence des Présidents et à la réunion de groupe EPR.
Gérard Larcher s’entretient avec Nathalie Delattre à 8h30. 
Assemblée nationale : ouverture de la session ordinaire à 15 heures. La commission des Affaires économiques auditionne à 18h30 Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, sur la situation et les perspectives en matière de logement.
Sénat : ouverture de la session ordinaire à 15 heures. Les sénateurs LR votent pour élire leur nouveau président de groupe à 11 heures. 
Plusieurs organisations syndicales et organisations de jeunesse appellent à manifester. A Paris, le cortège part de la place Denfert-Rochereau à 14 heures.
7h15. France 2 : Jean Garrigues, historien.
7h30. Public Sénat : Philippe Bas, sénateur LR de la Manche.   
7h40. TF1 : Olivier Faure, premier secrétaire du PS … France 2 : Charles de Courson, rapporteur général du budget (Liot) … RTL : Laurent Wauquiez, président du groupe DR à l’Assemblée … RMC : Valérie Pécresse, présidente LR du conseil régional d’Ile-de-France.   
7h45. Radio J : David Amiel, député ERP de Paris.  
7h50. France Inter : non communiqué. 
8h00. Public Sénat : Alexis Corbière, député ES de Seine-Saint-Denis.  
8h10. Europe 1/CNEWS : Manuel Valls, ancien Premier ministre. 
8h15. France 2 : Siegfried Mahé dit « Zziigg », dessinateur d’audience … Radio Classique : Jean-Marc Daniel, économiste, professeur émérite à l’ESCP Europe … RMC : Nicolas Chabanne, fondateur de la marque C’est qui le Patron ?!.
8h20. France Inter : Xavier Niel, président et fondateur du groupe Free-Iliad … RFI : Andrea Kotarac, porte-parole du RN.   
8h30. Franceinfo : Aurore Bergé, députée EPR des Yvelines … BFMTV/RMC : Laure Lavalette, porte-parole du groupe RN à l’Assemblée nationale … Sud Radio : Sacha Houlié, député non inscrit de la Vienne … LCI : Mathilde Panot, président du groupe LFI à l’Assemblée. 
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Déontologie : l’ex-président Migaud montre l’exemple, l’ex-députée Untermaier règle ses comptes … Une inconnue prend les manettes de la French Tech … Un énième report dans la procédure budgétaire, sans conséquence (pour le moment). C’est à 7h30 pour nos abonnés POLITICO Pro.
DANS LE JORF. Julien Autret est nommé directeur du cabinet de Nathalie Delattre et Léa Parenti cheffe de cabinet. Sébastien Mosneron Dupin devient dircab de Sophie Primas, Laurent Beteille celui de Laurence Garnier. Jean-Noël Barrot s’entoure d’Aurélien Lechevallier (directeur de cabinet) et Baltis Méjanès (cheffe de cabinet). Arnaud Guinier est nommé chef du cabinet de Geneviève Darrieussecq. Virginie Magnant (directrice du cabinet), Hélène Donnat (conseillère spéciale, chargée des relations avec le Parlement) et Hadrien Mignon (conseiller budgétaire, financement et efficience) intègrent l’équipe de Paul Christophe. Guillaume Kasbarian s’adjoint les services de Daniel Montin (directeur de cabinet), Thibault Colombier (conseiller presse) et Mandy Tinot (cheffe de cabinet).
MÉTÉO. Ciel dégagé au-dessus de l’Assemblée pour la DPG. 
ANNIVERSAIRES : Anne Sander, conseillère régionale au conseil régional du Grand Est, ancienne eurodéputée … Andy Kerbrat, député LFI de Loire-Atlantique … Emma Fourreau, eurodéputée LFI. 
PLAYLIST. La reprise de Weird fishes / Arpeggi de Radiohead par Arthur Teboul et Baptiste Trotignon.
Un grand merci à: nos éditeurs Matthieu Verrier et Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne.
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